édition 2001

. eRiKm
. MICHEL PORTAL « MINNEAPOLIS »

10 février 2001
Maison des Arts André Malraux
Créteil

eRIKm aime les territoires immenses des sensations du son. Il active, anime, manipule ses platines et machines pour dessiner une œuvre électronique avec les sons les plus inattendus. Cela ressemble à la version musicale d’un tableau de Jackson Pollock dont les couleurs et lignes crépitent, explosent, ondulent, fusent, giclent, s’envolent et planent dans les moindres recoins du son. Une échappée magnifique dans la matière sonore qui, de temps en temps, nous renvoie quelques phrases brèves de disques vinyls empilés dans notre mémoire.

On savait que Michel Portal était dépositaire d’une créativité riche et intacte de ses jubilatoires inventions du Portal Unit de Chateauvallon des années 70. Ici, on entend une musique nouvelle, tout en étant sereine, fidèle à elle-même. Ce groupe évoque Miles Davis, Sun Ra, Wayne Shorter… Et puis, nous sommes surtout épatés par la cohérence d’ensemble : la précision de Michael Bland, batteur du New Power Generation de Prince, les sons veloutés de Vernon Reid et de Sonny Thompson, bassiste également, du New Power Generation, le propos discret et délicat de Tony Hymas et les envolées multi-facettes et volubiles de Michel Portal. Des ballades émouvantes à donner le frisson succèdent à d’énergiques tensions musicales. Les clarinettes, le bandonéon, tout ce qui fait Michel Portal se marient impeccablement avec la musique noire américaine. Ces cinq-là, qui ne sont pas des musiciens de jazz, viennent de produire le groupe de jazz le plus innovant et intéressant de ces dix dernières années. Avec eux, le jazz passe, d’une façon réussie, le cap du millénaire.