édition 2005

. CARL HANCOCK RUX
. BURNT SUGAR , THE ARKESTRA CHAMBER

12 février 2005
Salle Jacques Brel
Fontenay-Sous-Bois

C’est au début des années 90 que Carl Hancock Rux se fait connaître en fréquentant le « Nyuorican Poets Cafe » dans le Lower East Side. Poète, il écrit « Pagan Opera », recueil primé par le Village Voice. Acteur, il travaille avec Robert Wilson tout en travaillant à son roman afro-futuriste « Asphalt ». Son premier CD en 1998 « Rux Revue » est salué comme un des meilleurs CD de musique alternative.
Sur scène, sa décontraction et sa détermination servent une parole élégante. Sa voix profonde et hypnotique dégage une sensualité troublante. Mais quelle que soit l’expression électrique de ses états d’âme, elle est toujours soutenue par une diction inscrite dans la tradition des prêcheurs afro-américains. En contrepoint lui répondent les percussions africaines et brésiliennes de Jason Finkelman. Ce musicien de Philadelphie sert à merveille le goût pour les combinaisons insolites qu’adore Carl Hancock Rux.
Si le duo percussion/voix révèle une mémoire musicale primitive, Carl Hancock Rux brouille joyeusement les pistes en sollicitant les interventions d’un vidéo-artiste contemporain sud-africain de Brooklyn, Jaco Van Schalkwick.

Créé en 1999, Burnt Sugar est un objet artistique fascinant. Son fondateur Greg Tate est critique muscal au Village Voice, auteur d’ouvrages sur la musique afro-américaine mais aussi cofondateur de la Black Rock Coalition. Les influences musicales de Burnt Sugar sont Miles Davis, Sun Ra, Jimi Hendrix. Mais aussi Butch Morris pour les techniques de « conduction » de musiques improvisées. Greg Tate dirige Burnt Sugar à la baguette comme un orchestre symphonique. Mais là, il s’agit d’un « symphonique » de type nouveau, résultat d’un épanouissement réussi d’une matière musicale improvisé vivante.
C’est d’ailleurs une sensation d’épanouissement que ressent le spectateur d’un concert de Burnt Sugar. L’œuvre, quasiment de texture organique, se déroule comme un flux permanent de vie d’où émergent de longs fragments de musiques diverses en ébullition. Le jazz succède au free, puis apparaissent la soul et le rap, le rock et la musique contemporaine. Le large panel des artistes est une garantie de créativité. Des voix soul se mêlent à des guitares intensément rock, un sax free survole des tambours frénétiques. Sans arrêt, la matière musicale se compose et se recompose comme un corps vivant soutenu par un continuum rythmique où cordes et électronique s’associent dans un sentiment de puissance indestructible. Burnt Sugar entame une quête d’absolu et pour cela évite l’écueil de la forme close et définitive, joignant dans une même construction, lignes rigoureuses et esquisses, voire ébauches.