édition 2006

. BENJAMIN ZEPHANIAH
. LINTON KWESI JOHNSON & THE DENNIS BOVELL DUB BAND

4 février 2006
Maison des Arts
Créteil

BENJAMIN ZEPHANIAH

BENJAMIN ZEPHANIAH / chant
JAMIE WEST-ORAM / guitare
JEAN ROUSSEL / claviers
TREVOR MORAIS / batterie

À 48 ans, Benjamin Obadiah Iqbal Zephaniah, né à Birmingham de parents originaires de La Barbade, est incontestablement l’une des personnalités issues de la communauté noire les plus influentes et respectées du moment en Angleterre. Activiste militant, romancier, dub poet dans la grande tradition inaugurée par LKJ, textes lyriques, hyper réalistes et engagés, le système capitaliste et post-colonial, le racisme de la police et de la justice, la misère du ghetto, la machisme, la drogue, la violence…
Mais Zephaniah est aussi un musicien d’aujourd’hui à l’affût de l’air du temps, branché sur les rythmes urbains les plus contemporains et sa musique métissée mélangeant allègrement spoken word, traditions jamaïcaines (reggae, dub, dance hall), rythmiques drum’n’bass, flow hip-hop et musique électronique en plus de soutenir son discours contestataire pose incontestablement les bases esthétiques d’un monde idéal… à son image.
Son dernier album « Naked », paru après six années de silence phonographique, est à ce titre exemplaire : authentique petit bijou de poésie urbaine, il bruisse de toutes les rumeurs de notre monde globalisé, pulse de tous les rythmes entremêlés de notre modernité, mais au-delà de la critique acerbe, porté par un véritable chant d’amour et de fraternité, ouvre résolument sur un avenir commun à inventer.

LINTON KWESI JOHNSON & THE DENNIS BOVELL DUB BAND

C’est au tournant des années 80, en plein néo-libéralisme thatchérien, que Linton Kwesi Johnson posa les bases esthétiques d’un nouveau genre porté d’emblée à se perfection : le dub poetry. Mélange détonant de pulsation reggae puisées aux dernières innovations sonores des Dj jamaïcains (I-Roy et U-Roy principalement) et de poésie militante déclamée, chantée, parlée de façon souple et sensuelle en un créole riche, coloré, cru, vibrant de toutes les tensions de la rue, de toute la colère, la frustration et les espoirs d’un peuple – cette nouvelle manière de dénoncer le racisme, le ghetto, l’oppression, la misère, l’horreur économique en marche et de chanter la fierté noire, imposa aux yeux du monde entier Linton Kwesi Johnson, activiste politique, journaliste engagé, poète inspiré et musicien visionnaire, en véritable porte-parole de l’identité noire opprimée.
Aujourd’hui à près de 55 ans, Kwesi Johnson continue de se définir humblement comme un artiste qui fait de « la poésie qui chante ». Et bien qu’il n’ait enregistré que très peu de nouvelle musique au cours de la dernière décennie et n’apparaisse plus sur scène que de façon épisodique, il demeure incontestablement une figure mythique de la musique noire internationale et, au-delà l’authentique parrain de toute la scène dub, reggae et spoken word d’outre-manche. Plus qu’une légende ou une référence, un artiste bien vivant.