édition 2006

. DENIS CHAROLLES / AKOSH S. / FANTAZIO
. JEF LEE JOHNSON TRIO INVITE NATHALIE RICHARD

2 février 2006
Théâtre Antoine Vitez
Ivry-sur-Seine

En décidant d’associer leur folie douce et subversive, ces trois irréductibles activistes de la scène hexagonale des musiques libres, bizarres et atypiques, ne pouvaient décemment donner naissance qu’à ce type de « trio brut » à la fois lyrique et désinvolte, joyeusement dadaïste – définitivement libertaire.
Composé d’Akosh au saxophone ténor, hurlant à flots continus une musique nomade rêvant d’embrasser tous les idiomes et toutes les cultures du monde ; de Denis Charolles, batteur lyrique et énergétique, membre fondateur d’un des groupes les plus inventifs de la jeune scène jazz européenne, la Campagnie des Musiques à Ouïr ; Fantazio, contrebassiste surréaliste martyrisant son instrument avec la précision maniaque d’un mélomane psychopathe, mais aussi chanteur fort peu orthodoxe, tour à tour crooner et apache gouailleur, modulant en anglais, français, espagnol, italien ou chinois, des petites histoires absurdes, drôles et amères – ce trio terroriste invente dans l’instant un univers à nul autre pareil, cocasse et délirant, passant en un éclair de la ritournelle à l’improvisation libre la plus radicale, d’un esprit cabaret post-moderne décadent au lyrisme abstrait le plus émotionnellement engagé.

Nourri au free blues hendrixien et au jazz le plus moderniste ; partenaire désormais indispensable des figures emblématiques de la renaissance soul (D’Angelo, Bilal, The Roots,…) ; mais aussi (pêle-mêle et au fil des années) accompagnateur précieux de chanteuses comme Aretha Franklin, Chaka Kahn ou Rachelle Ferrell – Jef Lee Johnson est un de ces musiciens secrets dont la personnalité polymorphe influe dans l’ombre depuis des années sur le son des musiques noires actuelles. Guitariste incandescent et parfaitement original, membre des groupes News from the Jungle et Ursus Minor, Jef Lee Johnson, en pleine maturité créatrice, invente une musique curieusement insituable, traçant sa route dans des zones apparemment balisées de la tradition afro-américaine mais débarrassées miraculeusement de tous les clichés stylistiques qui leur sont habituellement accolés.
Pour preuve, ce projet singulier en compagnie de la comédienne française Nathalie Richard, égérie forte du cinéma de Rivette (actrice aussi chez Olivier Assayas, Jean-Pierre Limosin ou James Ivory) – qui, tout en s’inscrivant dans la grande tradition de la poésie « en-chantée » par l’improvisation, « en sauvage » avec lyrisme et sensualité des poètes et grands noms de la chanson française (Gainsbourg, Ferré), révélant là encore des beautés neuves insoupçonnées.