édition 2006

. DI GIUSTO Y CAMERATA AMBIGUA
. MELINGO
. JUAN CARLOS CACERES

27 janvier 2006
Théâtre Romain Rolland
Villejuif

DI GIUSTO Y CAMERATA AMBIGUA

GERARDO DI GIUSTO / piano
LINE KRUSE / premier violon
ALFONSO PACIN / deuxième violon
JEAN LUC PINO / violon ténor
SEDEF ERCETIN / violoncelle
FABRIZIO FENOGLIETTO / contrebasse

Pianiste et compositeur riche d’une solide formation classique mais aussi d’une ouverture toute aussi décisive sur le jazz et les différentes traditions musicales populaires latines, Gerardo Di Giusto inscrit sa musique savante et raffinée dans le prolongement du geste révolutionnaire d’Astor Piazzola. Cherchant à concilier une authentique modernité de langage et un enracinement sincère et profond au plus intime de l’expression musicale populaire argentine, Di Giusto et son piano lyrique et très expressif explore avec « Camerata Ambigua », sublime quintet à cordes, un univers hybride empruntant l’essentiel de son vocabulaire à la tradition classique occidentale (notamment au sensualisme plein de mystère de l’impressionnisme français du début du 20ème siècle). Une musique à la fois rigoureuse et libre, savante et accessible, qui ouvre incontestablement de nouveaux horizons à la musique argentine contemporaine.

MELINGO

DANIEL MELINGO / chant et clarinette
IGNACIO CABELLO / guitare
DIEGO TROSMAN / guitare
CAROLINE PEARSALL / violon
MARISA MERCADE / bandonéon
ROMAIN LECUYER / contrebasse

S’appliquant depuis le milieu des années 90 à moins réformer le tango qu’en retrouver l’âme la plus authentique et populaire, Melingo, avec sa gueule d’ange déchu laissant deviner l’extraordinaire enchevêtrement de ses origines (un mélange très argentin d’ascendances grecques, basques, italiennes, indiennes et africaines…), fait une musique à son image : bohème, charmeuse, sensuelle, métissée, à la fois juvénile et cabossée, roublarde et romantique – terriblement actuelle… Des mélodies capiteuses aux rythmes savamment déstructurées ; une voix au grave abyssal, à la fois râpeuse et veloutée, chantant les bas-fonds avec désinvolture et sensualité ; des arrangements minimalistes d’un raffinement diabolique, truffés de guitares flamencas, de bandonéons rêveurs et autres sons fantomatiques – la musique de Melingo, à la fois lyrique, romantique et ironique, réussit son tour de force de nous parler de l’Argentine d’aujourd’hui sans rien sacrifier de la mythologie.

JUAN CARLOS CACERES

JUAN CARLOS CACERES / chant, piano et trombone
SEDEF ERCETIN / violoncelle
MARISA MERCADE / bandonéon
JAVIER ESTRELLA / percussions
MARCELO RUSSILLO / percussions

C’est autant en musicologue averti qu’en authentique poète visionnaire que Juan Carlos Caceres a entrepris depuis une dizaine d’années de ressusciter les origines métissées du tango en révélant, hallucinant, réinventant ce courant secret proprement africain qui l’innerverait depuis ses origines. Un trombone embué et doucement granuleux, des rythmiques africaines en pulsations subliminales, un piano rythmique gorgé de swing sous-entendu et, cette voix grave, voilée, nonchalante, d’une sensualité trouble – Caceres réintroduit le tango dans la vaste nébuleuse créole et invente en un merveilleux brassage poétique une musique originale où se mêlent échos de sambas brésiliennes, effluves épicés de jazz New Orleans, bribes de « son » mexicain ou de habanera cubaine… À l’arrivée, c’est l’âme même du tango qui dans cette alchimie se trouve littéralement transfigurée.