édition 2007

. ROCÉ INVITE ARCHIE SHEPP
. MIKE LADD & VIJAY IYER « STILL LIFE WITH COMMENTATOR » AN ORATORIO

9 février 2007
Théâtre Paul Eluard
Choisy-le-Roi

Né en Algérie en 1977, immigré en France à quatre ans, Rocé n’a eu qu’à se pencher sur l’enchevêtrement baroque de ses origines multiples (russe, argentine, juive, musulmane) pour trouver l’inspiration de sa musique libre, hybride, ouverte à toutes les sonorités, toutes les traditions, toutes les interrogations identitaires… Ancrant résolument son discours musical dans une formule minimaliste fondamentalement rap, Rocé prend rapidement la tangente en s’autorisant toutes les audaces, se confrontant au jazz, orientant insensiblement l’ensemble vers d’autres histoires, d’autres combats. Dévidant en un flow sinueux et syncopé, tout à la fois âpre et fluide, constamment musical, un discours extrêmement subtil et toujours nuancé, Rocé, persuadé que le rap, loin des caricatures où on l’enferme, est une expression artistique majeure de notre époque, le reconnecte ici à ses fondamentaux en lui rendant toute sa force de frappe originelle et dans le même temps lui ouvre incontestablement de nouvelles perspectives. Par le contenu de ses textes, il est naturel que Rocé invite Archie Shepp, celui qui, après près de 40 ans, est un des animateurs de la Black Music et de sa révolte.

Producteur iconoclaste et rappeur-slameur au flow fluide et nerveux, Mike Ladd est assurément l’une des personnalités les plus ambitieuses et atypiques de la scène hip-hop contemporaine. Authentique poète urbain au style incisif et engagé, abordant avec une ironie féroce la plupart des grands problèmes politiques et éthiques actuels, Ladd, après une série d’albums irrésistibles, s’est associé ces dernières années avec Vijay Iyer, jeune pianiste new-yorkais d’origine indienne, remarqué par Steve Coleman au milieu des années 90 et depuis le tournant des années 2000 unanimement salué comme l’une des grandes révélations du jazz contemporain. « In What Language ? », leur première œuvre en commun, abordait sous la forme ambitieuse d’une suite de monologues intérieurs d’immigrés refoulés et détenus dans l’espace aseptisé d’un aéroport international, le problème politique et philosophique de notre rapport à l’autre après le traumatisme du 11 septembre. Ils poursuivent aujourd’hui leur réflexion artistique sur l’état du monde contemporain, avec ce nouveau projet, « Still life with Commentator », consacré cette fois aux dangers du conformisme et de l’endoctrinement médiatique. Une sorte « d’opéra de chambre » hip-hop et électronique où musique et parole s’entremêlent et se transcendent l’un l’autre en un réquisitoire implacable contre le fascisme doux de notre société du spectacle.