édition 2007

. THE EX
. TORTOISE
. TOMATITO
. TRANS DIWAN

16 février 2007
Maison des Arts
Créteil

Formation foncièrement subversive et révolutionnaire, emblématique de ce que la scène rock alternative libertaire underground peut offrir de plus radicalement novateur, The Ex, en quelques vingt-cinq ans de carrière, ont progressivement évolué d’une musique brute, brutale, pulsionnelle, volontairement minimaliste à un univers hybride, toujours animé par la rébellion adolescente du punk originel, mais enrichi d’éléments empruntés au rock industriel, à la noise music, au folk, aux musiques ethniques, au jazz d’avant-garde et à la free music européenne.

Groupe hybride fondé à Chicago au tournant des années 90, sous l’impulsion du batteur, ingénieur du son et producteur John McEntire, Tortoise a révolutionné le rock indépendant américain en inventant et en bricolant une musique instrumentale composite, à la fois expérimentale et somptueusement mélodique. Mélangeant, avec un sens aigu de la construction, toutes les formes de musiques savantes et populaires contemporaines, du krautrock au dub en passant par le jazz d’avant-garde, la musique minimaliste, l’ambient, la musique de film et la pop, Tortoise déroule la bande-son du 21ème siècle.

C’est au tournant des années 80, à peine âgé de vingt ans, que, découvert et adoubé par le grand Paco de Lucia, José Fernandez Torres dit « Tomatito », jeune guitariste surdoué, va faire son entrée fracassante dans le petit monde du flamenco en enregistrant aux côtés du génial Camaron de la Isla, La leyenda del Tiempo – œuvre hérétique et révolutionnaire, aventurant pour la première fois le flamenco aux confins du rock et du jazz… Profondément marqué par cette collaboration, Tomatito va très vite s’imposer comme le leader incontesté du Flamenco Nuevo en inventant une musique toute d’allégresse et de virtuosité combinant avec une grande intelligence formes traditionnelles flamencas, rythmes pulsés aux traditions créoles et sud-américaine et idiomatismes propres au jazz manouche. Aujourd’hui, à l’orée de la cinquantaine, Tomatito, toujours aussi juvénile et flamboyant, persiste dans ses partis pris esthétiques d’ouverture et de métissage : sa musique virtuose et expérimentale, toute d’énergie concentrée et d’éclats lyriques, n’a pas fini de bousculer les certitudes des aficionados les plus traditionnels.

Le Diwan (« assemblée » en arabe) est une cérémonie mystique ancestrale où à travers la danse, la transe, la puissance incantatoire de la musique, des rythmes et des chants, musiciens et spectateurs, inextricablement liés, embarqués en un enivrant maelström de sacré et de profane dans la même petite capsule spatio-temporelle, sont invités et littéralement amenés à entrer en contact avec le monde des esprits. Mais, fête magique ultra-sensorielle et expérience définitivement spirituelle, le Diwan est aussi historiquement un espace culturel particulier marquant la jonction esthétique entre l’Afrique animiste des hommes noirs (pour la plupart descendants d’esclaves) et l’Afrique ”blanche” de tradition islamique. Guitariste virtuose, Camel Zekri, instigateur et organisateur de cet ambitieux Diwan Trans Maghrebin, convie dans une même assemblée sept musiciens et danseurs du Maghreb, à se réunir, partager leurs traditions sur le monde pluriel et mouvant du 21ème siècle.