édition 2015

. OTIS TAYLOR
. MALTED MILK & TONI GREEN « GREEN MILK PROJECT »
. CAMPBELL BROTHERS PERFORM JOHN COLTRANE’S « A LOVE SUPREME »

14 février 2015
Maison des Arts
Créteil

Otis Taylor joue et chante le blues d’une voix profonde et rocailleuse qui donne à sa musique une attirance irrésistible, celle de la vérité de la voix du bluesman. Elle est l’expression singulière d’une personnalité aux prises avec les turpitudes de la vie actuelle, de la société américaine, mais aussi celle d’un être possédé par les histoires qu’il raconte. Au point qu’on a fait de lui “l’inventeur du Transe Blues”. Son style tour à tour caverneux et majestueux, qui n’ignore ni les origines ouest-africaines ni les à-côtés folk ou rock, s’imprègne de “roots” et d’histoire avec un grand ‘H’. Mais d’une histoire dont le chanteur sait qu’elle n’est pas d’un seul tenant, qu’elle est faite de phases différentes, jusque dans ses sources amérindiennes. Quand il intitule son dernier disque My World is Gone, c’est aussi pour dire qu’un autre est à naître, comme à chaque fois que le bluesman chante.

Cette rencontre entre un orchestre soul made in France et une chanteuse à la culture musicale merveilleusement mûrie dans les sillons du Deep South est l’occasion de découvrir l’une des belles voix soul actuelle, aux inflexions proches de Tina Turner. Toni Green, ancienne choriste chez Al Green et Isaac Hayes, égérie du label HI records dans les années 70, porte l’héritage musical du Memphis sound. Sa rencontre avec Malted Milk, groupe nantais de musique soul et funk, est l’occasion de la découvrir en France. De leur rencontre est né le “Green Milk” Project, basé sur leurs répertoires respectifs et ravageurs.

Les Campbell Brothers ont une manière surprenante de jouer le gospel. Ils s’accompagnent principalement de Pedal Steel Guitars et de Lap Steel Guitars, comme dans certaines églises du Sud profond. Ils surnomment cette manière de chanter, Steel Sacred Gospel. Appellation qui sonne comme l’alliage puissant du métal et du sacré et qui a également porté ses fruits dans leur version enfiévrée de l’œuvre majeure de John Coltrane, A Love Supreme. Nul besoin pour eux d’en reconstituer vainement une version à la “lettre”. Mais tout intérêt à mettre en relation deux formes de spiritualité musicale afro-américaines. Même si, dans le premier mouvement, Acknowledgment, le riff blues de la contrebasse, cadençant la psalmodie du saxophoniste, peut inspirer le plus fabuleux des gospels…