édition 2015

. TARBABY WITH SPECIAL GUEST DAVID MURRAY
. BRÖTZMANN / DRAKE / PARKER TRIO

30 janvier 2015
Théâtre Paul Éluard
Choisy-le-Roi

Tarbaby était un quolibet qui signifie “Bébé de Goudron” utilisé pour stigmatiser les “enfants noirs” en Amérique du Nord, obscurcis dès la naissance, sur la peau et dans la conscience, par un prétendu baptême dans le goudron. Le jazz est une réponse cinglante, swinguante à cette discrimination symbolique. Un jazz en hommage à Frantz Fanon, l’auteur de Peau noire, masques blancs.
Nasheet Waits, batteur impétueux, fut un protégé de Max Roach et Ed Blackwell. David Murray, formé dès l’enfance à la culture gospel et devenu par la suite saxophoniste de la Loft Generation auprès de Sam Rivers, est aujourd’hui un des musiciens déterminants de la scène contemporaine. Eric Revis est un contrebassiste tout terrain d’Ellis Marsalis à Ken Vandermark. L’ensemble est un trio qui dispense un jazz passionnant aux racines afro-américaines vivifiantes et généreuses.

Peter Brötzmann, l’homme de la fureur poétique, aura été l’ébranleur du jazz en Europe, depuis l’enregistrement en mai 68 de “Machine Gun” (un surnom que lui avait trouvé Don Cherry) et au fil d’un parcours acharné, des deux côtés de l’Atlantique. Tout doit se faire et se fait par et pour l’action directe et collective, tout n’est que cheminements dans un espace galvanisé, l’excroissance prenant de court et de vitesse la croissance.
Viscéral, implacable, ce chant l’est et sorcier avec ça. Brötzmann a toujours voulu mesurer des forces, il a cherché la confrontation avec ses partenaires. Depuis 1993, le saxophoniste a trouvé en William Parker et Hamid Drake des âmes sœurs et combatives, qui lui parlent librement, nouant alliance sur alliage, de rythmes et de textures. Le dragon Brötzmann passe en trombe, mais il n’est plus rare de pouvoir profiter au passage de toutes les accalmies de l’œil du cyclone.