édition 2016

. TONY MALABY’S TUBACELLO
. OLIVER LAKE ORGAN QUARTET « PLAY THE MUSIC OF JACKIE MCLEAN AND ERIC DOLPHY »

6 février 2016
Théâtre Paul Éluard
Choisy-le-Roi

Venu de l’Arizona et citoyen à part entière de New York Babel depuis vingt ans, Tony Malaby semble présent sur tous les fronts, des deux côtés de l’Atlantique. C’est toutefois en le découvrant en leader qu’on peut prendre la pleine mesure d’une voix étonnamment singulière. Jouant ses mélodies comme des effluves, parfois pris par des bouffées de saxophone, camouflant son soprano ou son ténor en flûte ou en hautbois, Malaby a eu l’idée d’un quartet-caméléon, usant d’un autre centre de gravité (sans contrebasse), pour mieux se glisser entre les branchages du violoncelle et de la batterie, sous le dôme du tuba. Saxophone-phasme jouant sans cesse parmi ses partenaires. Pour improviser, pour que le jazz soit en liberté, il faut avoir le sens de l’orientation comme de la désorientation. Comptez sur Tubacello pour vous fournir un voluptueux nécessaire de voyage fantastique.

Oliver Lake s’arrache. Les rafales et les spirales post-bop de son saxophone filent, glissantes, cinglantes, trépidantes, allant de la stridulation à la cajolerie. Il fait partie de la grande confrérie des jazzmen immédiatement reconnaissables. Depuis ses débuts, l’altiste revient régulièrement et sous différents angles à ses premières amours, Jackie McLean et Eric Dolphy. L’angle choisi, pour cette nouvelle visite, ce nouveau détour, est la fameuse formation à base d’orgue Hammond B-3, avec une poignée de jeunes mercenaires qui ont écumé tout ce que la Côte Est de l’Amérique du Nord compte de repaires. Leur Organ Quartet est un noyau instable dans lequel chacun a constamment le dessus, constamment le dessous, dans une course poursuite suspendue entre groove et libre cours. Galvanisant.