édition 2006

. KIDD JORDAN & FRED ANDERSON & WILLIAM PARKER & HAMID DRAKE QUARTET
. BILL DIXON TRIO
. « ELOPING WITH THE SUN » 

21 janvier 2006
Centre culturel George Pompidou
Vincennes

KIDD JORDAN & FRED ANDERSON & WILLIAM PARKER & HAMID DRAKE QUARTET

KIDD JORDAN / saxophone ténor
FRED ANDERSON /saxophone ténor
WILLIAM PARKER / contrebasse
HAMID DRAKE / batterie

Depuis 1985, date de leur première joute musicale, ces deux saxophonistes hors du commun n’ont plus cessé de se donner rendez-vous à intervalle régulier, chacun trouvant dans l’autre l’interlocuteur privilégié, à la fois suffisamment proche et lointain, pour que la conversation jamais ne tarisse… il faut dire que, si ces deux monstres sacrés du saxophone ténor n’appartiennent pas aux mêmes terroir (Kidd Jordan est originaire de la Nouvelle-Orléans et Fred Anderson de Chicago), ils possèdent tous deux un style véhément tout à la fois profondément ancré dans le blues et ouvert aux harmonies les plus avant-gardistes. L’assise rythmique mouvante, constamment pulsative, toute en vibration spirituelle et émotionnelle, fournie par la paire Hamid Drake/William Parker, est certainement la plus remarquable et stimulante que les deux saxophonistes pouvaient espérer pour poursuivre en toute insécurité leur « chase » fraternel.

BILL DIXON TRIO

BILL DIXON / trompette
JOE GIARDULLO / saxophone ténor
WARREN SMITH / percussions

Trompettiste au style elliptique et puissamment expressif, mais aussi compositeur en quête continuelle de nouvelles formes allant dans le sens d’un équilibre toujours plus grand entre improvisation libre et structures rigoureusement organisées – Bill Dixon est certainement l’un des musiciens les plus singuliers et audacieux impliqués dans l’irruption et la propagation du free jazz au tournant des années 60. Authentique légende vivante de la musique afro-américaine il nous revient aujourd’hui en trio pour une musique libre et hypnotique, d’une beauté vénéneuse. Laissant voyager sa trompette en toute liberté dans des ambiances évanescentes et fortement réverbérées, passant de longues plages élégiaques et abstraites à l’onirisme mystérieux à de brusques accès de violences très contrôlés dans leur débordement – Bill Dixon, à 80 ans, reste incontestablement l’un des plus grands novateurs de notre époque.

« ELOPING WITH THE SUN »

JOE MORRIS / banjo et banjouke
WILLIAM PARKER / zintir
HAMID DRAKE / bendir et petites percussions

À l’origine de cet orchestre pas comme les autres, réunissant trois figures clefs de la musique créative contemporaine, on trouve une idée toute simple, concrétisant de façon fort pragmatique un désir partagé de faire de la musique autrement : abandonner son instrument habituel et se délester d’un coup de sa technique, de ses réflexes, de ses acquis, de ses sensations, bref de toute une expérience sensible qui immanquablement induit une certaine constance dans le rapport à la musique. William Parker, délaissant sa contrebasse pour le zintir ; Hamid Drake, appauvrissant son instrument à l’extrême pour n’en plus garder que le cadre ; Joe Morris, abandonnant sa guitare électrique pour un banjo et un banjouke – ces trois grands musiciens inventent ici une musique étonnante, totalement improvisée, fondée essentiellement sur la transe rythmique et la magnificence sonore, déployant en un jeu de textures proprement inouïes de longues séquences oniriques et sensuelles pulsées de grooves d’un autre monde. Une vraie curiosité sonique et, au-delà une surprenante leçon de musique.